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Les Carnets d'Alcide

Les Carnets d'Alcide

Les articles d' Alcide Louis Naud


Le pont Arc-en-ciel

Publié par Alcide-Louis Naud sur 26 Janvier 2025, 18:46pm

Catégories : #Charente-Maritime, #1999, #Roman, #Saintonge

Le pont Arc-en-ciel

Je vous présente un extrait de mon Roman: Le Mauvais Chemin.

Bonne lecture et merci à tous ceux qui  me suivent !

Stomy Rock débarqua sur le quai, son sac en toile à la main. Son perfecto en cuir noir, paré d’innombrables gouttelettes glissantes, épousait à merveille sa silhouette svelte. En sortant de l’édifice moderne en forme d’équerre géométrique, il se fraya un chemin à travers la forêt menaçante de parapluies qui obstruaient son passage. Il courut vers le parking, la bandoulière en cuir glissant sur son épaule, cherchant désespérément à échapper à la pluie d'été qui s’abattait, tandis qu’il se dirigeait vers la file des taxis.

 

Un chauffeur, abrité sous son imperméable, écrasa sa cigarette dans une flaque, le bruit du contact se mêlant aux gouttes de pluie. Avec un sourire hésitant, il accueillit Stomy, les mains sur la porte du coffre tout en trahissant sa curiosité :

 

- Bonjour ! Monsieur ?

- Bonjour.

Sans hésitation, Stomy confia son sac à cet homme dont les yeux, larges et curieux, cherchaient à déchiffrer l’individu qui se tenait devant lui.

 

En approchant de la portière, Stomy venait de quitter son blouson, ce qui eut pour effet de faire ressortir les formes de son torse sous la chemise blanche humide : des pectoraux dessinés et un ventre athlétique se terminant en V sur son jean moulant. À l’intérieur de la voiture, l’odeur du tabac froid lui frappa les narines, comme un rappel de souvenirs amers. Bien installé dans le véhicule, il passa ses longs doigts dans la frange décolorée pour la remettre en arrière sur sa nuque rasée, veillant à ne pas encombrer ses oreilles soigneusement dégagées.

 

Le conducteur, la cinquantaine bien entamée, arborait quelques cheveux gris et des rides marquées autour de ses yeux, témoignant des années passées sur la route. Il détourna son attention un instant pour se concentrer sur le trafic, allumant le moteur avec un soupir résigné.

 

- Où allons-nous ?

Stomy tourna brièvement le regard vers la vitre arrière, où se dressait la gare de Royan, coiffée de ses tuiles romanes. Le vaste hall d’entrée, d’un bleu profond et à la structure métallique, abritait les plus chanceux de la longue file d’attente qui s’étirait jusqu’au guichet. Moroses, la plupart d'entre eux fuyaient le mauvais temps de juillet.

 

- Ronce-les-Bains, Hôtel de l’Écume Brisée. Par la côte.

- Très bien !

L’homme acquiesça rapidement, observant son passager avec intérêt. Ses lunettes en métal doré, aux verres ronds et marron, ajoutaient une touche de mystère, tandis qu'une créole brillait à son oreille, s’accordant au médaillon doré visible sur le col entrouvert.

 

Quel drôle de perroquet ! Une lopette du marais, venu faire le baignassout....Sa tête me dit quelque chose....

Puis il engagea la conversation, levant les yeux au ciel comme pour chercher une réponse dans les nuages :

 

- Vous n’avez pas choisi la bonne période pour les vacances ! Avec les orages !

Stomy se contenta de répondre avec un léger sourire, cachant les angoisses qui l'habitaient :

- Je suis juste venu pour le feu d’artifice.

- À Ronce-les-Bains !? Et pourquoi pas ici ?

- Je préfère le calme de la presqu’île...

- J’espère pour vous qu’il ne sera pas annulé vu le temps !

Les gouttes de pluie tambourinaient sur le toit du taxi, rythmant leur attente avec une intensité mélancolique, tandis qu’ils se retrouvaient coincés dans une longue file, comme des naufragés observés par les façades colorées des années cinquante. Sur le Boulevard de la République, l’homme fatigué, confronté au battement des essuie-glaces, commença à perdre patience.

 

- Bon, tu crache ta valda ! Eh ! Tu l’bouges, ton char ! Vous êtes attendu ?

- Non, j’ai tout l’après-midi devant moi.

- Avec ce sale temps, ils sont tous sur la route !

 

L’habitacle était imprégné d'une tension sourde, l'air lourd de présages inquiétants, comme si chaque son extérieur annonçait un danger imminent. Le conducteur se cramponnait à son volant, ses mains moites trahissant son agacement face au flot ininterrompu de voitures. Chaque coup d'œil furtif qu'il jetait dans le rétroviseur intensifiait son inquiétude, comme s'il craignait que son passager ne disparaisse dans l'ombre fugace des reflets tremblants sur les vitres embuées. Stomy, percevant cette nervosité, s'efforça de créer une atmosphère apaisante. D’une voix douce et posée, il invita à la détente :

- Écoutez. Prenez la direction du Maine Geoffroy. Ensuite vous couperez par Courlay. Débrouillez vous comme vous voulez, mais je tiens absolument à ce que nous empruntions la route par la Grande Côte et la Côte Sauvage.

- Comme vous voudrez, Monsieur ! Mais ça risque de coincer jusqu’à La Palmyre !

- Oui, je sais. Ils vont tous au zoo et peut-être même jusqu’au phare, mais peu m’importe.

- Vraiment !?

- J’aimerais arriver par la route touristique et la forêt. Si cela vous inquiète, le prix n’est pas un problème.

- Vous êtes déjà venu ?

- On peut dire ça.

Suivant les volontés de son client, le taxi s’éloigna des émanations des gaz d'échappement, empruntant un nouvel itinéraire. L'air semblait s'alléger légèrement, comme si la voiture quittait derrière elle l'agitation de la ville pour se plonger dans un environnement plus serein. Stomy évitait délibérément le regard curieux du chauffeur, plongé dans son silence, les yeux rivés sur la campagne agricole qui défilait à travers la vitre. Ce paysage, vestige d’un marais exploité par les bénédictins à l’époque où Vaux était une puissante abbaye, portait en lui des histoires effacées par le tourisme voué au littoral, comme si ces récits anciens s’étaient dissipés sous le poids des foules et des nouvelles attractions maritimes.

L’atmosphère se chargea lentement d'une nouvelle tension, le poids du silence se mêlant à la curiosité insatiable du chauffeur. Chaque battement de cœur résonnait comme une invitation à rompre la distance. Désireux d'en savoir plus, il jeta encore coup d'œil furtif à son passager :

 

- Que faites-vous dans la vie ? demanda-t-il.

- Je suis artiste.

- Ah, vous êtes acteur ! Chanteur ?

- Connaissez-vous le Brut ?

- Non… Mais votre tête m’est familière !

 

Le chauffeur le fixait, attendant une réponse. Stomy demeura impassible, tel un artiste sur sa  scène, choisissant soigneusement quand et comment se révéler. Il lâcha un bref soupir, prenant un air platonique avant d’ajouter, avec une subtile provocation, une touche de sensibilité à ses convictions pour mieux clore l’interrogatoire.

- Le brut, c’est l’art des fous sous toutes ses formes ! Je vends dans le monde entier. Si cela vous intéresse, j’expose à Poitiers, au parc Blossac, tout l’été avec ma collection « Fin du Monde ». Vous savez, mon atelier à San Francisco est peuplé de marginaux. En somme, je mets en avant les œuvres de ceux que la société considère comme des toxicos et des séropos... Et dans sa bonne conscience, cette même société enrichit mon atelier et mes artistes...C’est dans le milieu artistique que l’on peut me reconnaître...Vous vous intéressez à l’art ?

- Pas vraiment… Peut-être que vous étiez dans le journal ?

- Probablement….

À cet instant, le bruit strident d'une ambulance en intervention envahit la route, sa sirène hurlante noyant la conversation comme une libération pour Stomy. Le chauffeur, brusquement tiré de sa fascination, se concentra sur la route, les yeux fixés sur le rétroviseur. C’est au bout de l'intersection qui menait au Maine-Gaudin qu’ils retrouvèrent les autres automobilistes. La berline réintégra lentement l’immense bouchon, cheminant vers la station balnéaire, privée de soleil. Après le tumulte, la tension reprit son emprise avec le mutisme pesant du client. Cherchant à briser ce retour à l'étrangeté, le chauffeur tourna la tête vers Stomy et posa une question :

- La musique vous dérange ?

- Bien au contraire.

Dans les haut-parleurs, « Summer Son » du groupe écossais Texas jouait, en totale contradiction avec l’extérieur. Le parking du zoo à La Palmyre, complet, invitait le surplus de touristes à opérer un demi-tour dans les ronds-points. La circulation se libéra peu à peu au niveau de la grande baie de Bonne Anse. Après le phare de la Coubre, la pluie commença à diminuer lentement. La route presque déserte invita le conducteur à l’accélération.

 

La côte sauvage, Plage de La Bouverie.

 

Sur la route vallonnée, l’artiste contemplait le paysage verdoyant qui défilait sous ses yeux, ses pensées vagabondant vers la vie d’avant, dans la fièvre du disco lorsqu’il était « Babar, le sauvage de la plage ». Au cœur de la route touristique, l’étendue interminable de pins immenses se perdait dans les méandres de paillettes, les écorces des troncs dissimulant les cicatrices de résine des tragédies passées.

L’atmosphère se chargeait d’une lente mélancolie, accompagnée par « Tu ne m’as pas laissé le temps ». Il découvrait les paroles avec la voix de David, le fils de Johnny, en frissonnant... Comme un miroir brisé en éclats de verre... Un beau jour, tout s’arrête... Et vous laisse encore plus seul sur terre...

 

Les lunettes fumées laissèrent échapper une larme sur sa joue, sous l’œil médusé du chauffeur à travers le rétroviseur.

 

Les parkings tapissés d’aiguilles de pins, camouflés parmi les arbres au gré des virages, invitaient à rejoindre la côte sauvage à travers les dunes. Cette route départementale sinueuse le menait, un peu plus près à chaque tournant, vers les souvenirs de la vie qu’il avait abandonnée.

 

La pointe espagnole, l’embellie.

 

Avant d’arriver au niveau du prochain parking, soudainement empli d'une excitation débordante, la voix de Stomy jaillit comme un éclair, surprenant le chauffeur, qui sentit son cœur s'accélérer.

 

-  Arrêtez-vous au prochain parking !

 

Cette réaction, défiant le calme ambiant par une détermination à la fois inattendue et pressante, fit vibrer l'atmosphère dans l'habitacle, dissipant pour un instant la tension qui y régnait. Le truculent personnage remit son perfecto et sortit du taxi, inspirant à pleins poumons l’odeur fraîche de résine et de terre humide, mêlée à l’air iodé, avant de sortir une liasse de billets froissés et de les tendre au conducteur.

 

- Ne vous inquiétez pas pour moi. Allez déposer mes bagages à la réception. Je continue à pied.

 

Le chauffeur, interloqué, reçut la somme conséquente entre ses mains comme une bénédiction.

 

- Sans problème, Monsieur ! Au plaisir !

 

Le pont Arc-en-cielLe pont Arc-en-ciel

Le célèbre artiste entama sa traversée par la pinède, guidé par le bruit des vagues qui l’appelaient, impatient de retrouver l’océan. Depuis cette hauteur, il imprégna ses narines de la brise marine énergisante, écartant les bras comme un oiseau reprenant son envol, exprimant ainsi son retour personnel.

 

À cet instant, l’étendue sauvage de la baie de l’Embellie se déployait devant lui, majestueuse, avec son sable rosé caressé par des vagues rugissantes. C’était un tableau vivant où ses émotions tumultueuses se mêlaient à la beauté brute de la nature.

 

À travers les dunes, son regard vagabondait, grondant de promesses tout en étant inondé d’incertitudes. Il remarqua un groupe de surfeurs, indifférents au temps, profitant des vagues. Leur enthousiasme tranchait avec la grisaille ambiante, et leurs cris de joie résonnaient dans l'air frais. Les vagues, telles des émotions déchaînées, s’écrasaient contre le rivage, emportant avec elles des douleurs enfouies, semblables à des courants sournois engloutissant un nageur inconscient de sa propre fierté.

 

L’artiste Stomy Rock retira ses baskets Sky Air au milieu de la végétation dunaire. Il abandonnait le confort de leurs semelles à coussin d’air pour s’enfoncer dans le sable encore frais de la pluie. À chaque pas, il ressentait la flamme d’un souvenir s’allumer dans son cœur, l’incitant à se diriger vers la pointe du Galon d’Or.

 

Cette côte maritime, bordée de magnifiques plages, portait en elle la mémoire vivante des naufrages et des naufrageurs. À San Francisco, il avait souvent pensé à elle. Aujourd’hui, elle se dressait devant lui, toujours rayonnante. Il ne l’avait pas revue depuis des années. Pour ne pas l’oublier, il s’était nourri de littérature. Elle était là, juste après ce bras de mer d’à peine quelques kilomètres. L’étendue d’eau, calme mais trompeuse, séparant Oléron du continent, portait le nom de Maumusson, 'Le Mauvais Chemin'. Ce passage, redouté de tous depuis des siècles, avait touché le cœur de Victor Hugo en voyage.

 

Chaque pas le rapprochait non seulement du rivage, mais aussi des souvenirs enfouis sous les épreuves. Alors qu’il marchait, le ciel s’éclaircissait peu à peu. Soudain, sur cette plage, apparut le souvenir d’un navire espagnol échoué, un spectacle unique à ses yeux, se dessinant au-dessus des eaux tumultueuses de Maumusson.

 

Un arc-en-ciel !

 

Les couleurs de ce phénomène lumineux, tel un pont d’horizons, l’invitaient sur l’île... Le vent frais balayait son visage. Il aurait aimé nager jusqu’à l’autre rive, mais c’était trop tôt... Les angoisses du passé, aussi périlleuses que les tourbillons de Maumusson, le retenaient encore sur le continent.

 

Sur cette plage du Galon d’Or, Stomy se tenait, émerveillé, face à la beauté resplendissante de l’île, si bien décrite par Pierre Loti. Tout comme lui, Oléron était l’île de l’enfance, un sanctuaire de souvenirs enfouis. Le vent iodé lui apportait les résonances d’un passé tumultueux, éveillant en lui des souvenirs d’un jeune homme devenu le sauvage de Vertbois.

 

Les premiers rayons du soleil invitaient quelques personnes à flâner. Leurs rires et leurs discussions se mêlaient à la susurration des vagues lors de leurs reflux. Ses yeux se détournèrent un instant vers l’un des nombreux vestiges du Mur de l’Atlantique. La toile chaotique d’expressions et de révolte des tags colorés sur le bâtiment en béton semblait mugir depuis la dune, exprimant sa colère au monde.

 

Un blockhaus...

 

Ce spectacle éveilla en lui des souvenirs enfouis, le poussant à repenser au Kondor, son ancien refuge d’enfant, un havre où il se consolait des bleus et des coups infligés par son père.

 

Dans cet endroit, il avait lui aussi réalisé une fresque, son premier dessin, un message d'amour pour celui qui, hélas, l'avait quitté afin de fonder une famille dans la conformité imposée. Un oiseau s'enchaînait à un cœur, transpercé par un pieu en croix chrétienne, témoignant de ses désirs contrariés.

 

Cette œuvre, à la fois naïve et poignante, avait symbolisé son espoir et sa douleur, un écho de son âme en quête de réconfort. Alors qu'il contemplait cette structure, une résilience nouvelle l'habitait, une force qui l’incitait à embrasser son passé tout en avançant vers l’avenir.

 

Le souffle du vent, chargé de promesses, caressait sa peau comme une déclaration d’amour à lui-même, un souffle de liberté l’encourageant à s’affirmer dans sa singularité. Le parfum salin de la mer l’emplit d'une sérénité nouvelle, chaque inspiration lui apportant une conviction renouvelée de sa place dans ce monde, comme si l’univers lui murmurait à l’oreille qu'il était enfin où il devait être.

 

Les vagues, dans leur intensité sauvage, reflétaient sa force intérieure, chaque éclat d’écume lui rappelant les luttes qu’il avait menées pour embrasser sa véritable fierté. Le sourire lumineux de sa mère émergeait des brumes du souvenir, se mêlant à celui de ses amis d’enfance : la belle Clarisse, rayonnante de joie, l’audacieux Miguel, toujours prêt à l’aventure, et Marc, l’étudiant en médecine, dont les promesses avaient été à la fois un phare et une déception. Ils avaient partagé des rires éclatants et des larmes amères, des nuits de fête éblouissantes et de poudre, mais aussi des promesses brisées qui laissaient des cicatrices indélébiles.

 

Le petit sauvage de la plage, qui avait métamorphosé sa prison de béton en une boîte de nuit flamboyante, avait aujourd'hui appris à chérir la vie dans toute sa complexité. Chaque pas sur ce sentier sinueux l’avait rapproché de sa vérité, et bien qu’il ait rencontré des embûches sur son chemin, il en était sorti indemne, fort d’un héritage artistique qu'il était prêt à dévoiler au monde.

 

Au fil du temps, l’étendue de sable immaculé, se libérant des flots, commença à se remplir de serviettes colorées. Stomy, perdu dans ses pensées, observait la scène animée. Une éclosion surnaturelle de parasols se déployait tel une volée de champignons sous l’aubaine triomphante du soleil filtrant à travers les nuages.

 

Oléron, majestueuse et sauvage, se dressait maintenant derrière le sauvage devenu sage, tel un sanctuaire dans le miroir de son esprit. La longue marche vers Ronce-les-Bains l’obligea à s’arrêter sur la terrasse de « La Mère Mi-Mite », bondée de monde.

 

Les œillades et les murmures répétitifs attiraient son attention, ses pieds déchaussés habitués au bitume et aux graviers. Il ne put s'empêcher d'éclater de rire face au destin de ses baskets, déclenchant la surprise de toute la clientèle. Une paire de requins orange et jaune, échouée sur la dune des côtes charentaises.

 

Stomy s’installa naturellement à une table pour savourer enfin la merveilleuse recette régionale créée en 1900 : une mouclade tant attendue et bien méritée. Le soleil déclinait, se mêlant à la joie de tremper ses frites croustillantes dans l’onctueuse sauce au pineau charentais, relevée d’une pointe de piment et sublimée de safran. C’était un délice. Le ciel, dans sa danse, adoptait les couleurs triomphantes de ce chemin lumineux, offrant une vision magnifique. Toutes les nuances de sa liberté résiliente, offertes par l’univers, l’invitaient à affronter les combats qui l’attendaient dans les nuits futures de sa vie.

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